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gal repas, le soleil avait disparu, les étoiles scintillaient une à une, et le brouillard tombait plus intense et plus froid sur le sommet des Collines-Brumeuses.

« Qui va commencer le premier quart de nuit ? demanda Pepe.

– Ce sera moi, reprit Fabian ; vous et Bois-Rosé vous allez dormir ; je veillerai pour vous, car le sommeil est bien loin de mes yeux. »

Ce fut en vain que le chasseur insista pour que Fabian, comme le plus jeune, essayât de prendre le premier quelques instants de repos ; Fabian persista dans sa résolution.

Bois-Rosé s’étendit donc à côté du carabinier, et tous deux ne tardèrent pas à oublier les événements de la journée.

Fabian, demeuré seul éveillé, s’enveloppa de son manteau, et, l’œil tourné vers l’occident, d’où pouvait principalement venir le danger, il se tint aussi immobile que ceux qui dormaient à côté de lui.

Au milieu du calme de la nuit, près de la tombe qui venait de se rouvrir pour recevoir son nouvel hôte, le jeune homme, fidèle sans le savoir à la devise de sa maison : Je veillerai, interrogea successivement trois conseillers qui ne trompent jamais : la solitude, la mort et Dieu. Après une longue et profonde méditation, il quitta la place où il était resté si longtemps immobile pour s’avancer sur le bord de la plate-forme.

Le val d’Or scintillait de lueurs bleuâtres aux rayons de la lune et semblait couvert de feux follets qui s’agitaient en tous sens.

Fabian considéra longtemps ces prodigieuses richesses près desquelles étaient venues échouer tant d’ambitions. Il y avait là sous les pieds du jeune homme aux vêtements usés par la pauvreté toute une vie de puissance et de luxe à faire pâlir les plus opulents.

Avec une portion de cet or, il y avait de quoi satisfaire