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La tête de Fabian reposait encore sur les genoux du Canadien.



CHAPITRE VI

DE LA COUPE AUX LÈVRES.


Cependant un bruit vague s’élevait de l’enceinte du val d’Or et du pied de la pyramide. Le chasseur déposa doucement par terre la tête du jeune homme, et s’avança en rampant sur le bord de la plate-forme, sa carabine à la main. Ses yeux confirmèrent l’avertissement de ses oreilles, et il allait regagner sa place, quand il trouva Fabian debout.

« Qu’y a-t-il ? demanda le jeune homme.

– Rien, si ce n’est une demi-douzaine de chacals qui grattent la terre là-bas près du lac… attirés par l’odeur du sang.

– Ah ! c’est vrai, il y a du sang, » répondit Fabian d’un air accablé.

Tous deux s’assirent en silence. Fabian montra du doigt Pepe qui, étendu sur la terre, dormait du plus profond sommeil comme sur le coucher le plus moelleux.

« Le pauvre garçon sait que je veille pour lui, dit le Canadien, et il dort tranquille. Il a en outre un poids de moins sur la conscience, maintenant que son serment est accompli, maintenant qu’il vous a rendu ce qu’il avait contribué à vous ravir. Faites comme lui, mon enfant, vous avez encore deux heures avant quatre heures du matin.

– J’ai assez dormi, et j’ai à causer avec vous de sujets importants pendant que Pepe dort encore. »

À ces mots le cœur du Canadien battit avec violence