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LE CORSET.

appui. Je me suis attachée à la cause du plus grand nombre en créant un appareil répondant aux indications les plus urgentes.

J’ai fait observer, en y insistant tout particulièrement, que les deux grandes cavités osseuses qui limitent le buste sont et doivent rester indépendantes l’une de l’autre. La logique veut qu’on applique un appareil sur le bassin, ce sera une ceinture, un corset abdominal, ou bien sur le thorax, et ce sera alors une brassière ; mais il faut opter entre ces deux moyens de contention, il sera toujours fâcheux de relier la cavité supérieure avec la cavité inférieure au moyen d’un artifice contre nature. En aucun cas, un corset ne devra remplir à la fois cette double fonction, sous peine de devenir un instrument pernicieux pour la santé.

Une autre raison qui nous interdit d’emprisonner la cavité abdominale tout entière dans un appareil rigide, à dimensions immuables, c’est qu’au moment des repas le volume de l’estomac s’augmente de tout le bol alimentaire et du liquide absorbé. Or l’estomac rempli par la masse alimentaire, au lieu de distendre sa paroi sur place, est refoulé vers le bas et empiète sur l’espace réservé à l’intestin. Celui-ci est repoussé vers la cavité pelvienne qui est inextensible, et, ne disposant plus de la place qui lui a été prise et qui lui est nécessaire, il la retrouve en refoulant la paroi du bas-ventre. Ce procédé engendre deux inconvénients également graves : la déformation viscérale provoquée par le développement des organes hors de leur position, et l’affaiblissement de la paroi abdominale, véritable soutien de tous les organes renfermés dans l’abdomen.

Est-il besoin de rappeler encore que le corset appliqué sur le bassin se comporte de façon plus logique, plus normale ? Son bord supérieur ne monte pas assez haut pour atteindre la région de l’estomac, et, au moment des repas, ce viscère se trouvant libre en avant se développe, non plus en empié-