Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/103

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Il tourna ses regards vers la fenêtre et poussa un soupir.

— Petite Nell, je ne peux pas dormir, allume la lampe.

Elle obéit et vint s’agenouiller près de son lit, prit ses mains dans les siennes et leva vers lui deux yeux dans lesquels toute son âme avait passé.

Oh ! comme il était beau, plus beau que jamais !

Mais alors, pourquoi eût-elle un frisson, pourquoi ses yeux restèrent-ils comme rivés sur les siens, pourquoi eût-elle l’air si désespéré ?… Ah ! c’est que sur cette figure aimée, elle voyait passer quelque chose d’étrange, qu’elle n’avait vu qu’une seule fois dans sa vie, sur le doux visage de sa mère.

— Prions, murmura-t-il, veux-tu, Petite Nell ?

— Prier ? Oh ! oui.

Et, ses mains gardant toujours celles de son frère, son regard toujours attaché sur le sien, elle éleva sa voix, sans crainte, sans faiblesse, sans timidité. Oh ! comme elle pria ! toute son âme, toute sa vie était dans sa prière. Comme elle pria leur Céleste Ami de venir chercher celui qu’elle aimait et de l’emporter, bien doucement, loin de la souffrance, loin des deuils et de le prendre chez lui, dans le pays de la lumière et du bonheur !

Et pendant qu’il l’écoutait, la figure du malade devenait calme.

— Embrasse-moi, chérie.

Elle l’entoura de ses bras et le couvrit de baisers.

— Tu ne seras pas triste, Petite Nell ; tu te diras : « je lui ai toujours, toujours, toujours fait du bien, je lui ai fait le plus grand, le seul bien »…