outil à sarcler dans de telles mains c’est bien une idée du père, ajouta-t-il, d’un air amusé.
Tante Olympe poussa un soupir, tout en reprenant son travail.
Quelques minutes plus tard, comme Petite Nell descendait lentement l’escalier conduisant à la cuisine, elle l’appela.
— Sais-tu, petite, lui dit-elle, que ça nous fait de la peine, à oncle Nestor et à moi, de te voir si pauvre mine.
À ces paroles inattendues, les yeux de la fillette se remplirent de larmes.
— Peut-être, continua la paysanne, que tu t’ennuyerais moins si tu t’occupais à quelque chose.
— Mais, je ne sais pas à quoi, tante Olympe !
Et elle ajouta, après quelques secondes de silence :
— Si j’avais mon piano, il y a des moments où j’ai grande envie de jouer ; croyez-vous que ce serait possible de le faire venir, tante Olympe ?
Et il y avait dans ses doux yeux bleus et sur ses lèvres tremblantes un désir si intense que la brave femme en eût été émue si elle l’eût regardée, mais, juste en ce moment, elle arrangeait symétriquement, les unes à côté des autres, les assiettes qu’elle venait d’essuyer.
— Faire venir ton piano ? répéta-t-elle, mais qu’en ferais-tu ? Nestor en prendrait le mors aux dents, il n’y a rien qu’il déteste comme la musique ; non, il n’y faut pas songer, ma fille ; d’ailleurs je pense qu’il est déjà vendu, avec le reste des meubles dont Louis n’avait pas besoin ; il te faut chercher une autre distraction.