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éprouvait, elle se sentait seulement très drôle et ne pouvait absolument pas avancer.

Depuis quelques jours déjà, elle avait une étrange sensation : il lui semblait que son cœur devenait de pierre et lui pesait si lourdement dans la poitrine qu’il l’étouffait.

Elle continuait à cheminer, s’arrêtant à chaque pas pour reprendre haleine et se reposer, quand elle entendit tout à coup courir derrière elle et une voix connue lui crier de l’attendre. L’instant d’après, Maxime, deux faux sur l’épaule la rejoignait et lui prenait son fardeau.

— C’est trop lourd pour vous, vous n’en pouvez plus, dit-il, en remarquant sa respiration haletante et la moiteur de son front.

— C’est si stupide, fit Petite Nell.

— Il n’y a rien là de stupide, vous n’avez pas la force, voilà tout.

— Oh ! non, ce n’est pas cela, j’ai bien la force, mais, c’est ici, — et elle appuyait sa main sur sa poitrine, — je ne sais pas ce que c’est, mais cela m’empêche d’avancer.

Maxime, qui ne savait pas non plus ce que c’était, se contenta de lui jeter un regard de compassion et régla son pas sur le sien.

— Cousin Max ? murmura-t-elle, comme ils approchaient de la ferme.

— Eh bien, cousine Nellie ?

— Allez-vous quelquefois en ville ?

— Pas souvent, mais si vous avez besoin de quelque chose, je tâcherai de trouver un prétexte pour y aller.