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qu’elle ne descendait pas pour déjeuner, je montai chez elle.

J’allais ouvrir sa porte, quand je l’entendis crier : Est-ce toi, maman ?

Tu peux comprendre mon épouvante ; j’entre, et je la trouve assise sur son lit, la figure très rouge et tenant à la main un papier blanc, sur lequel elle semblait voir toutes sortes de choses. Elle ne me jeta qu’un coup d’œil et recommença à lire à haute voix, mais cela allait si vite, que je ne comprenais pas un mot.

— Nellie, dis-je, toute tremblante, as-tu encore mal à la tête ? Et comme je m’approchais pour toucher son front : « Ôtez-vous, cria-t-elle, vous m’empêchez de voir la porte, et je veux être la première à courir à sa rencontre, personne n’a le droit de l’embrasser avant moi, non, personne, vous entendez ». Oh ! Maxime, j’eus une telle peur que je courus hors de la chambre pour appeler ton père, mais elle ne le reconnut pas non plus ; alors je lui dis d’aller en hâte chercher le médecin.

Enfin, oncle Nestor revint, et, bientôt après, Monsieur Steinwardt, qui me fit d’abord quelques questions, puis s’assit à côté du lit, où il resta très longtemps.

En se levant il me fit signe de le suivre, et quand nous fûmes seuls dans ma chambre, il me dit qu’il ne croyait pas pouvoir la sauver, mais qu’il allait tenter d’une opération pour enlever l’eau des poumons.

— Il paraît, reprit la brave femme, que cette eau menaçait de l’étouffer à chaque instant, c’est pourquoi