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quelques jours, c’est vous qui viendrez me voir, je me réjouis de vous montrer ma demeure, vous verrez comme elle est jolie ; et pourtant elle était loin d’être belle, à notre arrivée, et le jardin non plus, qui maintenant est un vrai paradis.

— Est-ce qu’il n’y a pas de carreaux de légumes ?

Sœur Hélène se mit à rire.

— Non, pas un seul, il n’y a que des fleurs, des arbres, du gazon, et tout est bien soigné, sans être trop correct. Pour qu’un jardin me plaise, reprit-elle, il faut qu’on ait envie de s’installer partout à la fois, et c’est toujours le cas chez mon frère, n’importe où il demeure.

— Où demeurait-il avant de venir ici ?

— À X…, dans une petite ville au nord de l’Allemagne.

— Était-ce joli, aussi joli que chez nous ?

— Aussi joli ! Mais on ne peut rien voir de comparable à ceci, répondit sœur Hélène, en montrant de la main le lac tranquille, qui étincelait aux rayons du soleil, et les montagnes rosées qui se penchaient sur lui.

— On ne peut rien voir de pareil nulle part, murmura-t-elle avec un soupir si profond que Petite Nell releva la tête.

— Sœur Hélène, regrettez-vous d’être venue ?

— Non, ma chérie, d’ailleurs il le fallait.

Et comme la fillette continuait à la regarder sans rien dire, elle sourit.

— Vous aimeriez savoir ce qui nous a amenés chez vous, dit-elle, eh bien, c’est très simple, c’est votre climat, et comme mon frère ne voulait pas