Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/48

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Petite Nell, qu’il allait se remettre au travail avec un nouveau zèle. Durant deux longues matinées, il n’avait pas levé le nez de dessus ses cahiers ; après quoi, il avait déclaré qu’il lui était impossible d’étudier par le beau temps, et qu’il repasserait ses mathématiques le soir ou même la nuit, si besoin était.

En attendant, il voulait s’amuser, jouir de ses vacances, jouir de sa sœur, jouir de tout. Ainsi fut fait, et la vie ne fut plus qu’une fête sans mélange pour Louis, qui avait la précaution de ne regarder ni en avant ni en arrière, un peu moins brillante pour Petite Nell, que troublait souvent la pensée du départ, la crainte d’un nouvel échec, sans parler d’une autre déception qu’elle avait cachée tout au fond de son cœur. Son frère, loin de partager son enthousiasme pour son amie, lui avait déclaré qu’il n’était venu que pour sa petite sœur, et qu’il n’entendait pas qu’on l’en privât. Et sœur Hélène, comme toutes les natures sensitives, avait bien vite découvert le peu de sympathie qu’elle inspirait et s’était tranquillement retirée. Les semaines continuaient à s’envoler, quand, un beau jour, l’insouciant garçon s’avisa qu’il était temps de suivre le conseil de sa sœur et de se remettre sérieusement à l’étude ; mais comme il ne voulait pas sacrifier une minute du jour, force lui fut de prendre sur ses nuits. Aussi, dès que la veillée était finie, il montait dans la chambre de sa sœur et prenait ses cahiers. Alors, comme du temps de leur mère, Petite Nell l’encourageait, le faisait réciter, bref, l’empêchait de s’endormir, et leur veille se prolongeait souvent jusque fort loin dans la nuit.

— Ah ! soupirait parfois le pauvre garçon, comme