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partie de ce que j’ai appris à l’école, pourtant si je pouvais vous être utile d’une manière ou d’une autre ?

— Oh ! sœur Hélène, s’écria Petite Nell en rougissant d’émotion, si vous vouliez… si vous vouliez me permettre de jouer quelquefois sur votre piano ; vous savez, tante Olympe, non, oncle Nestor n’a pas voulu qu’on apportât le mien, et il me manque tellement, et j’ai si peur d’oublier tout ce que j’ai appris.

— Si je veux ? Mais cela va sans dire. Partons tout de suite !

Petite Nell s’élança gaiement hors de la maison, suivie de son amie.

— Eh bien, fit sœur Hélène, comme elle entrait dans son jardin, pour faciliter l’exécution de tous vos projets, vous allez essayer mon piano, pendant que je commanderai notre souper. En disant ces mots elle ouvrit la porte du salon et se dirigea vers la bibliothèque, où elle avait l’habitude de passer ses soirées en compagnie de son frère.

— Tu es déjà là, je ne te savais pas de retour.

— Je viens de rentrer, répondit le docteur, en relevant la tête de dessus un énorme bouquin d’aspect peu attrayant.

Sa sœur s’assit en face de lui, prit son ouvrage et quelques minutes s’écoulèrent dans le silence.

— Hélène.

Elle ne répondit pas.

— Hélène, répéta-t-il en élevant un peu la voix, sais-tu que je crains vraiment que tu ne perdes l’ouïe ?

— Oh ! pardon, j’écoutais le morceau que Petite Nell joue en ce moment, n’est-ce pas ravissant ?

Et comme il ne répondait pas :