Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/52

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— Tu ne me feras pourtant pas croire, ajouta-t-elle, que tu n’aimes plus la musique, toi qui en étais passionné autrefois.

— Oui, autrefois, quand j’avais le temps et quand j’étais jeune.

— Alors, si tu te dis vieux à trente ans, que suis-je, moi, qui en ai six de plus.

— Tu es encore un peu plus vieille, voilà tout ; ce qui n’empêche pas, ajouta-t-il, en reprenant son livre, que tu seras toujours la meilleure et la plus belle.

— Non, non, pas encore, s’écria-t-elle, en mettant sa main sur la page ouverte ; tu ne m’as pas dit quelle question tu m’avais faite.

— Parce que tu m’as déjà répondu : je te demandais qui jouait du piano.

— Ah ! tu écoutais ; devine quelle découverte j’ai faite cet après-midi.

— Quoi donc ?

— J’ai trouvé cet après-midi Petite Nell, occupée à revoir ses livres d’études, pour s’engager bientôt comme institutrice.

— Comme institutrice ! pourquoi faire ?

— Pour gagner sa vie et pour aider son frère.

— Mais, dit le docteur, si elle ne veut que gagner de l’argent, il ne serait peut-être pas nécessaire qu’elle s’éloignât.

— À quoi penses-tu, personne au village n’a besoin d’une institutrice.

— Je pensais à la place que le vieux Salomon va laisser vacante.