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Nellie, répondit froidement le jeune homme, je sais qu’elle est bien celle qui me convient, mais je ne suis pas sûr d’être, moi, celui qui lui convient.

— Ça, ce n’est pas ce qui m’inquiète, seulement je t’engage à bien ouvrir les yeux avant de faire le saut et à considérer toutes les conséquences…

— Je suis décidé, père, aucun sacrifice ne saurait me coûter trop, si je puis l’obtenir.

— Ta cousine n’a pas pour deux liards de santé, reprit maître Nestor.

— Mais, père, elle n’est jamais malade, c’est sa peau si fine et si blanche qui vous fait croire…

— Bien, et tu la vois faisant la besogne, toute la besogne de tante Olympe, s’occupant du ménage, du bétail, du jardin, des ouvriers, de tout enfin, comme nos femmes ont l’habitude de faire ; plus de pianotage, plus d’orgue. Combien de temps penses-tu qu’elle y tiendra à ce jeu-là ?

— Mais il n’est pas nécessaire qu’une femme fasse tout elle-même, pourvu qu’elle dirige, qu’elle soit la tête, elle peut avoir des aides, des domestiques, et ce n’est pas moi qui les lui refuserai, puisque j’ai les moyens…

— Encore une fois, interrompit oncle Nestor, veux-tu être raisonnable et renoncer à cette folie ?

— Je ne peux pas, père.

— Bien, c’est entendu ; mais tu feras ta demande toi-même.

— Père, ai-je vraiment votre consentement ?

— Mon consentement ? Tu n’en as pas besoin, tu es majeur.

— Mais…