Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/74

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— Oh ! je ne pense pas à oncle Nestor, mais je crains de vous ennuyer, c’est-à-dire d’ennuyer le docteur, je sais que les messieurs n’aiment pas les changements.

— Mon frère aime tout ce que j’aime, interrompit sœur Hélène, et il est content de tout ce qui rend sa sœur contente, ajouta-t-elle, avec un sourire d’absolue confiance.

Une heure après, Petite Nell était assise à la table du docteur, en face de son amie, qui avait l’air parfaitement contente, et qui souriait comme quelqu’un qui est sûre que ce qui lui fait plaisir fait plaisir aux autres.

Ce qui enrichit l’un, appauvrit l’autre, dit-on, et cette vérité se trouvait vraie, une fois de plus. Pendant que le pauvre Maxime essayait de porter courageusement son chagrin et sa solitude, Petite Nell, pour la première fois depuis la mort de sa mère, était vraiment heureuse, si heureuse qu’elle ne se reconnaissait pas. Oh ! comme tout était différent, maintenant ; comme c’était délicieux de desservir la table du déjeûner, avec sa jolie porcelaine, délicieux d’épousseter les meubles, de brosser les miettes du plancher, de mettre en ordre la chambre du docteur, cette chambre qui lui inspirait encore une terreur secrète, mêlée de beaucoup de curiosité ; délicieux encore de faire entrer les malades dans la salle d’attente et d’aider parfois une maman à déshabiller son bébé ; délicieux de jardiner, de cultiver des fleurs.