pièce de monnaie au pauvre devant la porte ; mais visiter de ses propres yeux la demeure du misérable, s’asseoir au chevet du malade et pleurer avec celui qui pleure, non, l’idée ne lui en était jamais venue, et même, rien que d’y penser, elle sentait son cœur défaillir, elle avait peur, sans savoir pourquoi.
C’est pourquoi, arrivée au seuil de la porte où elle avait, non sans peine, suivi son amie, Petite Nell recula et proposa de l’attendre dehors, en se promenant. Sœur Hélène la regarda d’abord, un peu surprise, puis sourit :
— Venez, chérie, dit-elle.
Et Petite Nell, honteuse de sa lâcheté, entra, marchant résolument sur ses pas.
De ce jour, partout où sœur Hélène voulut porter ses pas, partout où elle avait quelque bien à faire, elle la suivit sans hésiter.
Et, comme rien ne rend aussi joyeux que le sentiment d’avoir fait du bien, Petite Nell et son amie étaient la gaieté en personne, si bien que leurs causeries attiraient momentanément l’attention du docteur, qui levait la tête de dessus son journal ou son livre et les regardait un instant, sans rien dire, d’un air un peu surpris, qui ne réussissait pourtant ni à les faire taire ni à les troubler ; après quoi, il reprenait sa lecture, mais sur sa figure grave il y avait alors comme un reflet de la gaieté qui lui faisait vis-à-vis.
Et c’était là tout le dérangement que lui causait Petite Nell, qui, il devait le reconnaître, était peu gênante, prenait si peu de place, que c’est à peine