Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/86

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ment, nous allons dîner, n’est-ce pas, tante Olympe ? j’ai une faim de loup.

Oh ! quel bon, quel délicieux dîner, quel entrain, quelle verve ! Et quel après-midi, que de choses il avait à raconter ! Que de projets pour l’avenir, tous plus beaux les uns que les autres : comme les heures s’envolaient ! L’on se remit à table, la nuit vint, le ciel se couvrit, la pluie commença à tomber sans que personne y prît garde : on faisait encore cercle autour du bel étudiant, et Petite Nell, assise à ses côtés, la tête appuyée sur son épaule, essayait d’oublier que ce jour aurait un lendemain.

— Non, ce n’est pas possible, déjà neuf heures ! s’écria tout à coup Louis.

— Alors il faut que je parte, murmura Petite Nell, tu viens avec moi, n’est-ce pas ?

— C’est sûr, penses-tu que je veuille perdre une minute, lorsqu’on en possède si peu. Mais ! quel affreux temps ! fit-il, en entrouvrant la porte.

— Tu reviendras bientôt, Nellie, cria tante Olympe, debout sur le seuil.

— Oui, oui, certainement.

— Donne-moi ton parapluie, Petite Nell, je t’abriterai sous le mien, nous pourrons mieux causer.

— Je me réjouissais d’être seul avec toi, reprit-il, après un court silence, pour te demander conseil. L’on m’a offert une place unique, avec des appointements splendides ; tu comprends, c’est une chance… comme on n’en voit pas.

— Alors il faut accepter, s’écria Petite Nell.

— Oui, oui, mais écoute, accepter c’est vite dit, il faut que je m’engage pour deux ans.