Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/93

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Sa sœur était éveillée.

— Chut, fit-elle à voix basse, elle dort.

Il ne répondit pas, l’embrassa à plusieurs reprises et sortit sur la pointe des pieds.

Le sommeil de Petite Nell n’avait été troublé ni par le bruit de ses pas ni par le filet de lumière qui, par l’ouverture de la porte, était venu caresser son oreiller.

Quelques jours avaient passé. Petite Nell avait raconté son chagrin à son amie, et, comme toujours, celle-ci l’avait encouragée, et il avait été convenu qu’on ne parlerait pas de départ jusqu’au retour du docteur.

Et les jours défilaient les uns après les autres, sans apporter à Petite Nell l’épître promise par son frère sur la seule carte postale qu’il lui eût adressée.

Ce ne fut qu’au bout de quelques semaines que la vieille Gritli arriva enfin, triomphante, deux lettres à la main.

— Ah ! cette fois, je ne suis pas seule privilégiée, dit sœur Hélène, il y en a une pour vous, Petite Nell.

— Enfin !

Elle la prit et, d’une main fébrile, déchira l’enveloppe ; puis il y eut un profond silence, et ce fut sœur Hélène qui, la première, releva la tête.

Petite Nell était encore assise à la même place, mais elle ne lisait plus ; sa lettre reposait sur ses genoux, autour desquels elle avait joint ses mains. La tête baissée, le regard fixe, elle ne semblait ni voir ni entendre ce qui se passait autour d’elle.