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Page:Gagneur - Jean Caboche à ses amis paysans.pdf/21

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moins, ils ressembleraient davantage à Jésus-Christ, dont ils se disent les représentants. Et même, si vous étiez les fidèles disciples de votre maître, c’est vous qui seriez les communistes. Rappelez-vous que les apôtres, à l’exemple de Jésus, ne possédaient rien, et que les premiers chrétiens mettaient leurs biens en commun.

Aujourd’hui il vous faut des richesses ; bien plus, il faut un trône à votre pape : ce qui étonnerait bien Jésus-Christ, s’il revenait en ce monde. Ah ! s’il revenait, on ne le crucifierait pas sans doute, mais vous l’enverriez à Cayenne comme le plus dangereux des révolutionnaires et des partageux.

— Monsieur, ne blasphémez-pas ! reprit le curé, blême de fureur.

— Comment, monsieur le curé, c’est un blasphème de vous rappeler l’Évangile ?

— Oui, quand on l’interprète de cette façon. Jésus a dit : Rendez à César ce qui est à César. Donc ce n’était point un révolutionnaire, comme vous le prétendez.

— Par ces paroles, il est clair, dit Cafardot, que Jésus-Christ reconnaissait un roi.

— Et voilà pourquoi, reprit le curé, nous voulons un roi.

— Oui, ajouta Mathurin, nous voulons un roi, car il nous faut un maître. Dans une maison où tout le monde est maître, rien ne va. C’est la même chose dans le gouvernement.