Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/23

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avec des Coralies, des Madelons et des Rigolboches, elle faillit en mourir de douleur.

Elle obtint de M. Borel d’aller avec ses filles passer dorénavant l’hiver à Paris, afin d’y surveiller la conduite et les études de Maxime.

Au mois de mars 1863, la famille Borel se trouvait réunie au grand complet dans le luxueux appartement qu’elle occupait rue de la Chaussée-d’Antin. C’était une soirée tout à fait intime. Il n’y avait là que la famille Daubré de Lomas.

M. Daubré était un riche manufacturier de Lille. Sa femme, fort coquette, habitait Paris pendant la saison des bals.

Elle s’était éprise de Maxime, et, pour le rencontrer, elle venait chez les Borel, qu’en sa qualité de de Lomas elle trouvait pourtant bien bourgeois.

M. Borel, arrivé de Lyon la veille, transmettait à M. Daubré les nouvelles commerciales. Ils devisaient ensemble sur les probabilités d’une guerre civile aux États-Unis. Ces bruits de guerre alarmaient également les deux industriels. En effet, un conflit en Amérique fermerait le principal débouché de l’industrie lyonnaise, et amènerait nécessairement pour la fabrication lilloise la hausse des cotons.

Mlle Bathilde causait en aparté avec un tout jeune homme, le frère de M. Daubré.

Mme Daubré coquetait avec Maxime.

Mme Borel les observait attentivement. Elle avait fait un vœu à Notre-Dame de Fourvières pour la conversion de son fils, et elle, s’étonnait que tant de vœux et de neuvaines eussent encore produit si peu de résultats.