Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/31

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nière plus équitable, les conditions du travail. Au siècle dernier, le Contrat social de Jean-Jacques était une théorie audacieuse. Quel est aujourd’hui l’homme de bon sens qui croie au droit divin ? Il viendra un temps, qui n’est pas éloigné, sans doute, où l’on reconnaîtra à tout homme et à toute femme son droit à une existence proportionnelle à ses besoins et en rapport avec ses facultés. »

Madeleine et le jeune Daubré écoutaient Mlle Borel avec admiration, tandis qu’un sourire ironique effleurait les lèvres des autres auditeurs.

« Eh bien ! mademoiselle, dit tout bas Lionel à Madeleine, auriez-vous envie de devenir aussi économiste et bas-bleu ? Ce serait dommage. Vous êtes si jolie et vous brodez si bien ! »

Madeleine rougit et reprit sa broderie.

Béatrix observait le jeu de Lionel, et Lionel remarqua l’inquiétude de Béatrix.

« Elle est jalouse, pensa Lionel, c’est bon à savoir : je tiens la dot. »

Il se pencha de nouveau vers Madeleine.

« Je gage, lui dit-il toujours à voix basse, que vous aimez la toilette ?

— J’aime tout ce qui est beau, répondit-elle : les belles robes, comme les belles et généreuses pensées.

— J’avoue, moi, dit Béatrix en se rapprochant, que je n’entends rien à tous les beaux discours de ma tante. Mais, par exemple, j’adore les chiffons.

— Et moi les chevaux, ajouta Laure. Maxime, comment va Mademoiselle-Lucie ? »

Maxime possédait une jument qu’il appelait Made-