Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/38

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Un soupirail fermé par une trappe servait à la fois de fenêtre et de porte. Il n’y avait d’autre escalier qu’une mauvaise échelle appuyée contre l’entrée. Ce jour parcimonieux, arrivant d’en haut, rendait plus lugubres encore des murs noircis par le temps et la malpropreté. Le mobilier était sordide.

Cependant, quelques objets de luxe à bon marché, un miroir sur un bahut entre deux vases dorés, des fleurs en papier, des images encadrées, attestaient qu’une jeune fille avait paré naguère ce triste intérieur. Maintenant il y régnait ce désordre et cette incurie qui accusent l’abandon bien plus encore que la misère.

Une femme déjà vieille, Thérèse Gendoux, était assise au-dessous du soupirail. Elle cousait un sarrau. À peine recevait-elle un jour suffisant pour ce travail grossier. Deux enfants étiolés, au visage blafard et boursouflé, aux membres amaigris, se tenaient à côté d’elle.

Le plus jeune était âgé de quatre ans ; mais on lui en eût donné deux au plus. Il se traînait à terre et fouillait dans les immondices qui couvraient le sol. L’autre, une fille de sept ans, ourlait un carré de grosse toile. À ce travail, elle gagnait environ deux sous par jour.

Ces enfants appartenaient, non pas à Thérèse, mais à une ouvrière de fabrique qui s’absentait tout le jour et habitait la même cave.

En effet, dans le fond de cette cave, déjà si sombre, se trouvait encore un réduit, et celui-là était tout à fait obscur. Il y avait place à peine pour un lit, une table et deux chaises.

L’humidité suintait le long des murs, dont la couleur primitive avait entièrement disparu. On devinait, à l’en-