Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/54

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elle se redressait, écartait le bras comme pour chasser une image importune.

« Oh ! laissez-moi travailler ! » murmurait-elle.

C’était le souvenir de Maxime qui l’obsédait.

Lorsque les premiers rayons du jour firent pâlir sa bougie, elle se glissa dans son lit pour se réchauffer, et, brisée de fatigue, s’endormit.

Madeleine s’éveilla fort tard et descendit vers la fin du déjeuner.

Mme Borel lui en témoigna une mauvaise humeur qui la bouleversa et surtout l’humilia.

« Il paraît, lui dit Béatrix d’un ton aigre-doux, que vous veillez toute la nuit. J’ai entendu du bruit dans votre chambre jusqu’à six heures. »

Madeleine rougit, car elle travaillait en secret à son poëme.

« Pourquoi donc rougissez-vous ? remarqua Laure étourdiment. Lisiez-vous de mauvais livres ?

— Je me suis relevée parce que je ne pouvais dormir, balbutia Madeleine encore plus confuse.

— Étiez-vous souffrante, mon enfant ? demanda Mlle Borel.

— Un peu de fièvre, je crois ; mais, ce matin, je suis mieux. »

En cet instant, on apporta une lettre à Madeleine. En lisant la suscription elle parut émue, prit un prétexte et se retira.

« Je trouve, dit Béatrix d’un ton sec, que Madeleine a d’étranges allures depuis quelque temps. Elle se couche à des heures indues, s’enferme toute la journée dans sa chambre. Enfin c’est une existence tout à fait mystérieuse.