Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/76

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sans chercher à sonder cette énigme : Sont-ils heureux, ces gens-là, d’avoir si peu de besoins et si peu de désirs !

Satisfait d’être délivré d’un remords qui parfois lui pesait, il devint plus tendre.

« Eh bien ! maintenant, apprends-moi ce que tu voulais me dire en arrivant, explique-moi tes sanglots. »

Geneviève rougit. Puis elle se mit à rire ; mais c’était un rire nerveux, un rire forcé qui faisait mal.

« Non, pas aujourd’hui, j’ai tant de joie de vous revoir et d’apprendre que vous ne m’avez pas oubliée. Et d’ailleurs, j’espère encore… peut-être me suis-je trompée !… »

Lionel tenait ses yeux opiniâtrement fixés sur la pendule, et Geneviève remarqua qu’il l’écoutait à peine.

« Mon Dieu ! je vous gêne sans doute, peut-être attendez-vous quelqu’un ?

— Non, pas immédiatement, mais tout à l’heure. Reste encore un instant, ma chère enfant.

— Comment ! il est déjà si tard ! il faut aussi que je parte ; car on m’attend à deux heures. Au revoir, dit-elle ; jurez-moi que vous viendrez bientôt. »

Lionel jura. Mais il lui fit promettre aussi de ne plus revenir. Les domestiques de M. Daubré pouvaient la rencontrer dans l’escalier. Elle se trouverait compromise.

Geneviève sortit presque heureuse.

« Ouf ! s’écria Lionel, la voilà partie. Pauvre enfant ; elle serait charmante si elle était moins ennuyeuse. Que n’ai-je le temps et la fortune ! Ce serait une femme à former et à lancer. Elle est assez belle pour éclipser Pouliche et Fleur-de-Botte. Elle a de la distinction, de jolies mains. Dans un équipage à la Daumont, avec un chapeau