Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/81

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voyant, que ma pensée avait évoqué votre fantôme. Mais, puisque vous n’êtes pas un pur esprit, fit-il gaiement, veuillez donc vous asseoir, je vous en prie. »

En ce moment, on vint prévenir Madeleine que Mme Daubré était levée et l’attendait dans sa chambre à coucher.

La coquette, enveloppée d’une élégante robe de chambre, se tenait sur une chaise longue, dans une attitude languissante. Une guipure était jetée négligemment sur ses cheveux blonds et crêpés, qui formaient autour de son front comme une auréole.

Les rideaux de mousseline, abaissés, ne laissaient arriver qu’un demi-jour propre à adoucir les angles, à dissimuler les rides ou les taches de la peau.

En pénétrant dans ce sanctuaire parfumé, en voyant cette femme vraiment belle alors et séduisante, Madeleine ressentit un mouvement de jalousie qui lui fit monter le rouge au visage.

Elle pensait à Maxime.

« Comment ne l’aimerait-il pas ! se dit-elle,.

— C’est vous, mademoiselle ? fit Mme Daubré d’une voix dolente ; pardonnez-moi de vous avoir fait attendre. Ma femme de chambre s’était mal expliquée d’abord, et l’on vous a reçue dans l’antichambre. »

Madeleine lui exposa sommairement sa requête.

Un instant, Mme Daubré resta pensive, inquiète même ; elle observait Madeleine.

Avec sa finesse, son instinct de femme jalouse, elle avait cru deviner le penchant de Madeleine pour Maxime.

« Pourquoi cette étrange détermination, se demandait-elle ? Serait-ce pour me surveiller ? »