Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/82

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Elle la questionna adroitement sur les motifs de sa démarche.

Madeleine lui exposa avec tant de candeur et de simplicité sa position délicate, la situation précaire de sa famille, son désir de la soulager, que Mme Daubré ne conserva aucune défiance.

Toutefois, elle hésitait encore : Madeleine si jolie, si jeune surtout, lui paraissait une dangereuse rivale. D’un autre côté, en la laissant chez les Borel, elle craignait que Maxime, qui la voyait chaque jour, à toute heure, n’en tombât amoureux.

Cette dernière considération l’emporta.

« Je serai très-flattée, mademoiselle, dit-elle avec une grâce charmante, que vous veuillez bien m’accorder vos bons soins pour l’éducation de mon enfant ; mais c’est à la condition que Mlle Borel y consentira.

— C’est ainsi que je l’entends, » repartit Madeleine qui prit congé de Mme Daubré.

Depuis une heure qu’elle était là, le temps avait changé. Il faisait une de ces tempêtes passagères si fréquentes en mars, et elle retrouva sous la porte cochère Geneviève, qui attendait la fin de la bourrasque.

Madeleine prit aussi le parti d’attendre.

Elles étaient là toutes deux regardant tomber la grêle que fouettait le vent.

Mais si le ciel s’était assombri, leurs cœurs comme leurs visages s’étaient rassérénés. Elles semblaient maintenant soulagées, presque heureuses.

Madeleine se souvint que sa sœur lui recommandait de chercher du travail pour Claudine. À qui s’adresser ? Elle ne connaissait personne à Paris capable de la renseigner. Elle glissa son regard dans le paquet que por-