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domination française

se sont assemblés dans la maison, de M. de Vaudreuil, qui vient d’être nommé gouverneur des Trois-Rivières et dont le père a été gouverneur-général du Canada. Sa maison est dans la basse-ville. M. le marquis de la Galissonnière, gouverneur-général jusqu’à ce jour, et qui partira pour la France à la première occasion, y vint pareillement, accompagné de tous les officiers publics. Je fus invité à assister à la cérémonie. À huit heures et demie, le nouveau gouverneur-général est descendu de son vaisseau dans une chaloupe couverte d’un tapis rouge, et au même moment les canons, du haut des remparts, donnèrent le signal de mettre en branle toutes les cloches de la ville. Les personnes de distinction descendirent au rivage pour rendre hommage au gouverneur, qui, à son débarquement de la chaloupe, fut reçu par le marquis de la Galissonnière. Après qu’ils se furent salués l’un l’autre, le commandant de la ville présenta au nouveau gouverneur-général, dans le langage le plus éloquent, une adresse à laquelle il répondit fort laconiquement et qui fut suivie d’une salve générale des canons des remparts. Toute la rue jusqu’à la cathédrale était bordée d’hommes sous les armes appartenant pour la plupart à la classe bourgeoise. Le gouverneur-général se dirigea vers la cathédrale, passant entre cette double haie. Il portait un habillement rouge tout galonné d’or. Ses gens, en livrée verte, le précédaient le fusil sur l’épaule. À son arrivée à la cathédrale, il fut reçu par l’évêque du Canada[1] revêtu de ses habits pontificaux, la tête couverte d’une large mître dorée, une haute crosse d’argent massif à la main et entouré de son clergé. Après une courte adresse de l’évêque au gouverneur-gé-

  1. Mgr  de Pontbriand. Il devait, trois années plus tard, assister M. de la Jonquière à son lit de mort. — E. G.