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le fort et le château saint-louis

Excepté les ânes. Ces animaux si utiles n’ont guère fait souche en Canada.

C’est bien dommage.[1]

M. de Gaspé parle, dans ses Mémoires, d’un certain âne — « une bête curieuse » — qu’il était allé voir au Cap Blanc, étant enfant, avec quelques camarades. En petit espiègle qu’il était, il dit gravement à l’animal : — Comment vous trouvez-vous de votre séjour à Québec ? L’âne leva une oreille et baissa l’autre. — Je vous comprends, reprit le spirituel enfant : votre oreille levée veut dire : « le Canada est un beau pays » ; votre oreille baissée veut dire : « mais je m’y ennuie terriblement, y étant tout seul de mon espèce. » — Consolez-vous, ajouta le futur auteur des Anciens Canadiens, avant longtemps vous pourrez constater qu’il y a plus d’ânes qu’on ne pense sur nos rives.

Je ne cite pas ; je raconte de mémoire.

Lecteurs qui avez l’âme sensible et qui aimez les chevaux, il est un nom que je livre à toute la rigueur de vos jugements : celui de l’intendant Antoine-Denis Raudot (Raudot fils) — un brave homme pourtant sous certains rapports ; demandez plutôt au docteur Dionne.

Donc, en l’année 1709 — le 13 juin — l’intendant Antoine-Denis Raudot émit une ordonnance aux termes de laquelle il était défendu aux habitants de la région de Montréal de garder plus de deux chevaux et un poulain, — ceux qui en avaient davantage devant les tuer ou les vendre. Voici le texte même de cette ordonnance :

  1. « En 1696. — dit M. Benjamin Sulte, — lors de l’expédition contre les Onnontagués, M. de Frontenac montait une bourrique et M. de Callières un cheval qu’ils avaient amenés sur des bateaux. »