Page:Gaillard - Le Royaume merveilleux, 1917.djvu/10

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Linda, son épouse, Don Manuel, l’homme de confiance de l’inca, et une dizaine de guerriers, vers la Javari et de là vers l’Amazone.

Six semaines après ces événements, Lucien et sa femme débarquaient à Lisbonne, d’où le Sud-Express les amena à Paris. Là, descendu à l’Élysée-Palace-Hôtel, il manda un de ses anciens camarades de l’Institut Montéfiore de Liège, devenu directeur d’une usine d’air comprimé.

Quand il fut arrivé, il lui narra son odyssée dès son départ de Liège, puis lui dit : Ce n’est pas, mon cher Bastin, pour te raconter cela que je t’ai fait venir, mais pour te demander si tu voudrais accepter un poste de confiance. Je te donnerai 50,000 fr. par an, et ce que tu auras à faire ne sera pas bien difficile. Je dispose tous les ans de 80 à 100 millions de francs de louis d’or provenant des ventes que mon beau-père, l’inca Atahualpo II, fait en pépites d’or.

Ne voulant pas attirer l’attention des spéculateurs sur la grande quantité d’or qu’il tire, il veut écouler son or monnayé qui, entre parenthèse, sort tout neuf des caves de la Banque de France, directement dans le public. Il faudrait donc créer à Paris, aux abords des gares, près des boulevards, des théâtres, des maisons de change qui, moyennant cinq centimes aux cent francs, changeraient des billets contre de la monnaie, principalement de l’or.

Il serait nécessaire de créer une vingtaine de ces maisons dans la capitale et quatre-vingts autres éparpillées à Lyon, Bordeaux, Marseille, Lille, bref dans toutes les villes importantes.

Je t’allouerai 10,000 francs pour frais de chaque agence, soit un million par an et tu auras comme bénéfice supplémentaire les cinq centimes aux cent francs de courtage, ce qui, sur cent millions par an, te fera 50,000 fr. de plus.

Ta mission consistera donc à centraliser toutes les sommes et à les déposer à la Banque de France en ton nom et de régler ensuite les divers achats que mon beau-père fera.

Tout cela est parfait, dit Bastin, mais comment se fait-il que ton beau-père reçoive tant de louis ?

Parce que dans tout le bassin de l’Amazone, il n’y a que l’or qui ait de la valeur, Les maisons françaises font venir des louis de la Banque de France et les anglaises des livres sterling. Tout de même Lucien, tu trouveras comme moi que c’est un peu compliqué de monter tant d’agences pour écouler cent millions, alors que le plus simple serait de les verser directement à la Banque de France.

Oui, répondit Lucien, seulement tu ne connais pas mon beau-père. Il est méfiant et ne veut pas qu’on sache que l’or de ses do-