Page:Gaillard - Le Royaume merveilleux, 1917.djvu/9

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Il faut également beaucoup d’argent, peut-être un milliard, pour nous armer. Voici comment nous allons nous y prendre pour l’avoir sans éveiller les soupçons : Les pépites d’or que charrient nos rivières, donnent en moyenne 250 millions par an. Mais vous n’avez jamais pensé à leur provenance ? Non, dit Atahualpa ii. Elles proviennent, continua Lucien, de vastes gisements d’or souterrains que l’eau entraine avec elle. Mais cette quantité entrainée est infime en comparaison de la masse traversée.

Si on explorait les filons, nous obtiendrions des milliards d’or. Rendez-vous compte que nous sommes dans la région de l’or, de ce Potosi, de ce Cerro de Pasco qui furent l’Eldorado des premiers Conquistadors et qui, pendant des siècles, permit à l’Espagne de subvenir avec faste aux caprices de ses rois, tout en enrichissant les colons. Je vais faire monter les usines nécessaires au broyage du minerai. Même mieux, pour nous permettre de nous créer un trésor de guerre formidable, je vais faire frapper ici-même la monnaie des différents pays, ayant l’étalon d’or.

Je disposerai ainsi de livres sterling, de louis, d’aigles américains, bref, de toutes les pièces d’or ayant cours universel.

Pour nous permettre de les écouler sans éveiller les soupçons, je vais créer un peu partout, en Europe et aux États-Unis, des maisons de Banque ou de change qui s’occuperont principalement de donner de l’or pour des billets. Je fais cela, parce que si je déposais, directement à la Banque d’Angleterre par exemple, des livres sterling neuves, à la longue on finirait par s’en apercevoir, tandis que si je dépose une grande partie en billets et l’autre en or, on ne pourra remarquer l’opération.

Du reste, les millions déposés n’y séjourneront pas, puisqu’ils sont destinés à payer nos achats.

Je vais partir, moi-même pour acheter le matériel destiné aux usines, de même que pour engager les savants nécessaires à la formation d’un institut dans le genre de celui de Rockfeller aux États-Unis, qui s’occupera du perfectionnement des inventions nouvelles, d’après l’orientation que je leur indiquerai.

Ton plan est splendide, dit Atahualpa ii. Quand pars-tu ? Dès que vous m’aurez muni de 10,000 kilos de pépites d’or, soit 25 millions qui me sont nécessaires pour les achats.

Tu les auras après-demain à bord du canot automobile, car je suppose que tu passeras par Iquitos et Manaos pour vendre les pépites. C’est bien, répondit Lucien, je partirai le soir même. Deux jours après, dans la soirée, le petit yacht automobile emportait Lucien,