Page:Gaillard - Le Royaume merveilleux, 1917.djvu/11

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maines lui rapporte. Aussi je te recommande quand ce sera de l’or que tu porteras à la Banque de France au lieu de billets, de faire effectuer ces versements dans diverses agences de cet établissement. Au surplus je te dirai que si nous sommes contents de toi, la première année, je te réserve un autre poste où tu pourras faire une fortune rapide.

J’accepte, dit Bastin, quand pourrai-je commencer ? Dans six mois environ, mais dans trois mois tu peux renoncer à ta place et à cet effet, je vais te donner tes six premiers mois d’appointements.

Tirant son carnet de chèques, Lucien en libella un, daté de trois mois plus tard, de l’import de francs.

Bastin resta quelques minutes encore, puis quitta son camarade. Surtout, lui recommanda ce dernier, pas un mot à âme qui vive de ce que je te dis. Choisis tes employés, surtout parmi les veuves pensionnées auxquelles un supplément de gain sera agréable. Fais leur suivre des cours pour qu’elles sachent reconnaître les faux billets des vrais et recommande-leur qu’en principe elles ne changent pas plus de mille francs à une seule personne. Ainsi tu diminueras les risques. C’est entendu, dit Bastin en s’éloignant.

Dès qu’il fut seul, Lucien rédigea diverses annonces à porter pour insertion à l’Agence Havas.

Dans les unes on demandait pour un État sud-américain des directeurs pour la frappe de la monnaie d’or. Dans les autres on demandait des chimistes, des ingénieurs des mines, des géologues, bref tout ce que l’Europe pouvait offrir de plus intellectuel. Les émoluments offerts étaient superbes et garantis par le paiement anticipatif au départ. Dès que les annonces furent rédigées, Lucien descendit au bureau de l’Hôtel et donna ordre de les porter à l’Agence Havas pour être publiées pendant une semaine dans les principaux journaux. Au bout de ce laps de temps, il avait reçu un nombre incalculable de lettres qu’il examina minutieusement. À mesure qu’il les lisait il les triait, et c’est ainsi qu’en arrivant à la fin, il n’en avait choisi que six méritant réellement son attention. La première était d’un nommé Daviel et avait trait à la place de directeur des Monnaies.

« Monsieur, » disait-elle, « je suis à même de remplir le poste que vous désirez octroyer, car j’ai passé par tous les services de la Monnaie de Paris depuis le découpage du lingot jusqu’à sa remise à la Banque de France.

« Je suis en outre graveur de mon métier et élève de Chaplain. C’est vous dire que je puis monter et faire fonctionner un établissement, même assez conséquent. »