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On arracha le jeune homme au griffes de cette panthère cancéreuse, pour le jeter dans les bras d’une belle et douce enfant, qui l’attendait pleine d’amour.

Heureusement, le pauvre dompté avait un reste de bon sens.

Il comprit toute l’étendue de sa faiblesse, et jura de ne plus revoir l’ignoble accapareuse.

Le mariage s’accomplit rapidement, et le jeune Chériant fut un mari fidèle, dévoué et très amoureux.

La délaissée ne s’étonna ni ne se froissa.

Devenue libre, avec un petit sac, elle monta un coquet magasin de ganterie, dans un bon endroit, et attendit la fortune, qui entra de suite chez elle, et plusieurs fois par jour, par petites portions.

Ajoutons, pour finir l’histoire du mariage du jeune fils de famille, que le tapage causé par la rupture précipitée qui la jetait, pour ainsi dire, sur le trottoir, fit éclore une série de spirituelles persécutions dont Paris assaillait la maîtresse lâchée.

— Ah ! çà, s’écriait Sébastien Colle, au café Bordoni, elle nous embête cette fille ; elle parle de la Malibran comme d’une ancêtre par collage, honni soit qui Malibranle.