Page:Gaillet - La vie de Marie Pigeonnier, 1884.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 132 —

Clara débitait peu de gants, elle ne renouvelait jamais sa marchandise.

Les timides lui demandaient de la peau de Suède.

— J’en ai de plus douce à vous offrir, répondait-elle gracieusement.

Et le monsieur se laissait ganter.

Cela lui coûtait dix francs ; le double s’il était de province.

Dès qu’un client était… ganté, s’il flânait trop dans le magasin, elle avait une façon exquise de le flanquer à la porte.

— Dis donc, vieux c…, est-ce que tu ne vas pas bientôt f… le camp ?

Le client, riant aux larmes, saluait la gantière, et du ton le plus aimable :

— Au revoir, ma belle colombe, disait-il.

À qui le tour ?

Dans les premiers temps de son installation, elle avait un principal amant qui en pinçait ferme pour elle, et dont elle se moquait indignement.

C’était le fameux banquier Neutoc.

Pourtant, comme il avait du sang juif dans l’épiderme, il arriva qu’il se fatigua de se fatiguer pour rien et de casquer comme un daim.

Elle n’en fit pas le deuil.