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certaine activité, et ce genre d’intelligence, qu’on trouve chez les êtres dépourvus de sens moral et dévorés du besoin de faire du bruit profitable, sans s’inquiéter des honnêtes gens qu’ils éclaboussent, capables en un mot de toutes les infamies derrière lesquelles on peut ramasser quelques billets de mille, capables aussi de toutes les lâchetés que l’envie inspire aux impuissants et aux ratés.

Marie Pigeonnier est une ratée et une impuissante ; elle en a conscience, c’est ce qui fait sa force et explique la haine dont elle poursuit les arrivés et les applaudis.

Elle a tant de fiel que le jour où elle ne pourrait plus le cracher, elle en crèverait.

N’est-il pas naturel qu’elle tienne à la vie ; il ne faut donc pas s’étonner que pour la conserver, elle vomisse le poison qui la tuerait.

Comme elle se souvient du temps où elle n’avait qu’une paire de bas, avec des reprises, et qu’elle lavait avant de se coucher, elle se méfie de la misère ; c’est pour-