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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, viii-ix.

mais comme ce dernier os devait nécessairement s’articuler avec l’astragale, la nature craignant que par suite du voisinage de l’astragale, le calcanéum ne perde, en acquérant des mouvements trop violents, quelque chose de la solidité de son assiette, elle a d’abord, comme nous l’avons dit, inséré solidement deux apophyses de l’astragale dans les cavités du calcanéum ; puis elle a attaché celui-ci, non-seulement à l’astragale, mais encore à tous les os voisins par des membranes nombreuses, dures et cartilagineuses, les unes aplaties, les autres arrondies ; elle les a disposés, autant que possible, de manière à conserver la solidité convenable. Sachant en outre que, plus qu’aucun autre os, le calcanéum devait beaucoup fatiguer, elle a rendu sa substance extrêmement ferme et elle a étendu sous lui une peau résistante très-propre à amortir et à briser les chocs de tous les corps violents et durs.

Mais, ainsi qu’il a été dit, comme les parties externes du pied devaient être plus basses, et les parties internes plus hautes, et qu’il était à craindre que le pied ne s’alourdît s’il acquérait de l’élévation au moyen d’os nombreux et volumineux, la nature a pratiqué à sa face inférieure une cavité moyenne, prévoyant que de cette disposition résulterait pour les pieds, en tant qu’organes de préhension, un autre avantage important pour la sûreté de la station sur les éminences de terrain ; avantages que nous avons déjà signalés (cf., chap. v et vii). Cette cavité paraît donc avoir été pratiquée pour trois motifs : l’élévation des parties internes du pied, la préhension et enfin la légèreté. Le premier importe à la sûreté de la station, le second à la variété de la marche, le troisième à la rapidité du mouvement.

Disons ici un mot du pied du singe (cf. I, xxii). Sa main, pourvue d’un pouce estropié offrait une imitation risible de la main de l’homme ; mais il n’en est pas ainsi du pied : ce n’est pas l’infériorité de structure d’une seule de ses parties, mais d’un grand nombre qui le distingue du pied de l’homme. Les doigts sont très-séparés les uns des autres et bien plus grands que ceux de la main. Celui qui devait être le plus grand de tous en est le plus petit. Il n’y a dans les parties disposées en avant (en arrière) de ce doigt rien de ce qui affermit le métatarse ; aussi la solidité manque-t-elle complétement à leur base qui est pourvue plutôt d’une cavité comme la main. Chez le singe, les jambes ne continuent pas non plus exactement la