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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, iii.

part, on reconnaîtra aisément qu’il est une conséquence de l’explication qui précède ; ou bien que sans présenter à l’animal aucune utilité, il est une conséquence nécessaire de l’existence d’organes créés dans un but déterminé[1] ; c’est ainsi qu’est le jéjunum [par rapport aux autres intestins]. Mais nous démontrerons un peu plus loin qu’il n’est pas tel qu’il est en vue d’une utilité propre, et qu’il est fait seulement en vue des organes utiles par eux-mêmes. Si au lieu de trouver soi-même par la réflexion ce qu’on peut facilement déduire de mes raisonnements, on attendait de moi tous les détails, l’exposition actuelle serait entravée par des longueurs infinies ; on en pourra juger par ce court échantillon :

Nous venons de dire en effet, à propos du prolongement (duodénum) qui se dirige vers l’intestin grêle, que ce prolongement, s’étendant le long de l’épine, ne doit pas immédiatement faire de replis avant d’avoir laissé une place pour les parties auxquelles il convient d’être situées entre l’estomac et le jéjunum ; eh bien, viendra-t-on m’accuser d’avoir omis ce qu’on trouve développé dans Érasistrate ? — Le prolongement vers l’intestin est situé à droite et tourné vers l’épine.

Pourquoi, dira-t-on, [situé à droite] et tourné vers l’épine ? La raison du premier fait a été donnée dans le livre précédent[2] ; le second n’a pas nécessairement besoin d’une explication particulière, car nous avons déjà répété des millions de fois que la nature ne laissait rien sans appui (Cf. p. ex. II, vii, in fine, et V, ii, p. 338). S’il en est ainsi, il était évident qu’elle n’aurait pas laissé suspendu ce prolongement du fond de l’estomac, mais que le dirigeant vers l’épine [jusqu’à la quatrième vertèbre lombaire], elle lui donnerait d’abord là un soutien solide (tissu cellulaire qui le fixe à la colonne vertébrale) et ensuite le rattacherait par des ligaments membraneux aux parties voisines (ligaments hépatico-duodénal, et duodéno-rénal formés par les replis du péritoine).

  1. Voy. Hoffmann, l. l., p. 83-84, et dans la Dissertation sur la physiologie, la discussion des principes généraux du traité De l’utilité des parties.
  2. Galien n’a pas énoncé positivement la raison de ce fait dans le IVe livre ; mais il n’est pas douteux qu’il la trouvait dans les rapports physiologiques du foie avec le duodénum et dans les rapports même du duodénum avec l’estomac. — Voy. particulièrement livre IV, chap. vii, p. 288 et suiv.