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DES ORGANES DE LA VOIX.

En effet, aucune autre substance que le cartilage ne pouvait constituer l’organe de la voix, comme l’ont démontré nos renseignements sur la trachée-artère (voy. chap. v). Formé de cartilage, mais d’une seule pièce, dénué de toute articulation, il aurait été complètement immobile, incapable de se fermer et de s’ouvrir, de se contracter et de se dilater. Évidemment donc, il était raisonnable que le larynx fût composé de cartilages assez nombreux, rattachés les uns aux autres, et que son mouvement ne fût pas physique (c’est-à-dire involontaire) comme celui des artères, mais dépendît de la volonté de l’animal. Car s’il devait servir dans l’inspiration et l’expiration, dans l’arrêt total de la respiration, dans l’émission du souffle et de la voix (et il était préférable que toutes ces facultés fussent régies par notre volonté) la raison voulait que le mouvement fût volontaire et soumis au libre arbitre de l’animal (voy. chap. ix, fine, p. 479-80). Or, nous l’avons démontré, la nature a destiné les muscles à exécuter tous les mouvements de cette espèce. Il fallait donc évidemment que ces cartilages fussent mus par des muscles.

Quels sont ces muscles ? quel est leur nombre ? d’où naissent-ils ? comment ouvrent-ils et ferment-ils le larynx ? C’est ce que nous allons dire, en commençant par les muscles communs aux trois cartilages.

Il en existe quatre qui attachent le premier cartilage (thyréoïde) au second (cricoïde), chez tous les animaux à grande voix, parmi lesquels est l’homme ; quatre, chez tous les animaux, unissent le deuxième cartilage (cricoïde) au troisième (aryténoïde), et deux autres relient le premier au troisième. Voici quelle est l’origine des muscles qui unissent le premier cartilage, le thyréoïde, au second (cricoïde}. — À l’extrémité inférieure de chacun des cartilages, à l’endroit où ils touchent la trachée-artère et se touchent l’un l’autre de chaque côté, il se détache du grand cartilage (thyréoïde) pour aller au second (cricoïde), deux muscles en dehors (c’est-à-dire en arrière, crico-thyréoïdiens postérieurs) et deux muscles en dedans (c’est-à-dire sur les côtés de la ligne médiane, crico-thyréoïdiens antérieurs[1]). Ces muscles sont

  1. Galien divise le crico-thyréoïdien en deux, ainsi qu’on le voit dans le traité De la dissection des muscles, chap. xiii (ἄλλοι δὲ δύο διφυεῖς, κ. τ. λ.). Ce muscle