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DES ORGANES GÉNITAUX.

teur de cité qui ne s’inquiète pas seulement que sa ville soit actuellement peuplée, mais qui pourvoit aussi à ce qu’elle subsiste à tout jamais, ou du moins le plus longtemps possible. Il ne paraît cependant pas qu’aucune ville ait jamais été heureuse à ce point, d’avoir une durée assez longue pour que le temps ait complétement effacé la mémoire de son fondateur. Mais les œuvres de la nature ont vécu des milliers d’années et vivront encore, grâce au moyen admirable qu’elle a inventé pour substituer toujours à l’animal mort un animal nouveau.

Quel est donc ce moyen adopté chez tous les animaux et chez l’homme, pour qu’aucune race ne périsse, pour que chaque race, au contraire, reste intacte et soit immortelle ? C’est ce que je me propose d’expliquer dans ce livre, en commençant par là toute mon exposition. La nature a donné à tous les animaux des organes pour la conception, et elle a attaché à ces organes une certaine force spéciale de plaisir pour la génération, elle a rempli l’âme de l’être qui doit en user d’un désir étonnant et inexprimable de leur usage[1], en sorte que, surexcités, aiguillon-

    vaise ou une meilleure ; comme enfin l’âme est meilleure que le corps, et que l’animé étant meilleur que l’inanimé, à cause de l’âme, mieux vaut l’être que le non être, le vivre que le non-vivre ; pour toutes ces causes, il y a une génération des animaux ; comme la nature du genre des animaux ne pouvait être immortelle, autant qu’il est permis, ce qui est engendré devient immortel ; donc si l’immortalité est impossible, eu égard au nombre (c’est-à-dire à chaque individu en particulier), car la substance des êtres qui sont, réside dans chacun d’eux en particulier, elle l’est eu égard au genre. Voilà pourquoi il existe toujours un genre d’hommes, d’animaux, de plantes. » — Platon, dans le Banquet (p. 206, c et e), dit que la conception et la génération sont choses divines et immortelles dans un être mortel. Dans le livre IV du traité Des lois (p. 721 c), il invite au mariage, afin que le genre humain devienne immortel. — Quant à la corruption et à la transformation nécessaires de la matière, Galien s’en explique plus longuement dans les traités De la conservation de la santé (I, ii), et Du marasme, chap. ii et iv.

  1. Ici Galien ne fait que résumer un beau passage qui se lit à la fin du VIe livre Des lois (p. 782 d-e) : « Je vois, dit l’Athénien, que chez les hommes tout se réduit à trois sortes de besoins ou à trois appétits, que de leur bon usage naît la vertu, et que le vice naît de l’usage contraire. Les deux premiers de nos besoins ou appétits sont le boire et le manger ; ils naissent avec nous, et produisent dans tout animal un certain désir naturel plein d’impétuosité, incapable d’écouter quiconque dirait qu’il faut faire autre chose que contenter l’inclination et le désir qui nous portent vers les objets, et se délivrer en toute occasion du tourment qui nous