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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/112

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, vi.

autres. Supposez d’abord avec moi celles de l’homme rentrées et s’étendant intérieurement entre le rectum et la vessie ; dans cette supposition le scrotum occuperait la place des matrices avec les testicules situés de chaque côté à la partie externe ; la verge du mâle deviendrait le col de la cavité qui se produit, et la peau de l’extrémité de la verge qu’on nomme maintenant prépuce, devient le vagin même de la femme. Supposez à l’inverse que la matrice se retourne et tombe en dehors, ses testicules (ovaires) ne se trouveraient-ils pas alors nécessairement en dedans de sa cavité, ne les envelopperait-elle pas comme un scrotum ? Le col jusque-là caché en dedans du périnée, pendant à cette heure, ne deviendrait-il pas le membre viril, et le vagin [avec la vulve] de la femme qui est un appendice cutané de ce col, ne tiendrait-il pas lieu de ce qu’on nomme le prépuce ? Ce renversement serait suivi du changement de position des artères, des veines et aussi des vaisseaux spermatiques ; car on ne saurait trouver dans l’homme une seule partie en surplus, la position seule est changée : les parties internes dans la femme sont externes chez l’homme.

On peut voir quelque chose de semblable dans les yeux des asphalax-zemni[1] ; elles ont en effet l’humeur vitrée, le cristallin et les tuniques qui les enveloppent, lesquelles, disions-nous (X, i et ii, t. I, p. 607 et suiv.), naissent des méninges ; et ces tuniques ne sont pas en moins grand nombre que chez les animaux qui se servent de leurs yeux. Mais chez les asphalax, les yeux n’ont pas été ouverts, ils n’ont pas fait saillie en dehors, ils ont été laissés inachevés, et ont été maintenus dans le même état que ceux des autres animaux encore enfermés dans la matrice[2]. En effet,

  1. Aristote, Hist. anim. I, ix ; IV, viii ; De anim., III, i, init., est aussi d’avis que les yeux des asphalax sont sous la peau. — Voy. encore Galien, De la semence, II, v, t. IV, p. 640. — On admet généralement, en se fondant sur ces passages mêmes (mais c’est une grave erreur), que les anciens regardaient les taupes comme n’ayant point d’yeux. Olivier (Voyage dans l’emp. ottoman, t. II, p. 317-323, et Atlas, pl. 28) a démontré qu’il s’agit dans Aristote, non de la taupe, mais d’un animal qu’il a retrouvé aux environs d’Alep, et qui depuis a reçu le nom d’Asphalax-zemni.
  2. Ὅμοιοι φυλαχθέντες τοῖς τῶν ἄλλων ἔτι κυουμένων. Après ces mots du texte vulgaire mes deux manuscrits ajoutent: Οἱ δὲ ἀσφάλακες οὐδ᾽ αἀξηθέντες βλέπουσιν καιτοί γε ὑπογραφήν τινα ἔχοντες ὀφθαλμῶν. B met de plus ces quatre derniers mots au milieu de la phrase précédente, où ils ne trouvent évidemment aucune place,