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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, viii.

est en lui. En effet, avec le principe surajouté de la femelle, il arrive parfois que le sperme générateur d’une femelle, échauffé par la matrice droite, produit un fœtus mâle, et que le sperme générateur d’un mâle, refroidi par la matrice gauche, se transforme en un produit contraire. Car le sperme, se trouvant légèrement plus froid et la matrice étant beaucoup plus chaude, il n’est pas étonnant qu’elle lui cède ce qui lui manquait. Mais si le sperme était excessivement refroidi, et qu’il pénétrât dans la matrice droite quand l’animal est vieux, cette matrice ne lui serait d’aucun secours. Ainsi donc il existe un double principe de la génération des mâles, l’un chez les femelles, c’est la matrice droite ; l’autre chez les mâles, c’est le testicule droit ; et comme la matrice ordinairement plus influente rend le fœtus semblable à elle-même, parce qu’elle a avec lui un plus long contact, on a raison de prétendre que, dans la plupart des cas, les fœtus mâles se trouvent dans la matrice droite et les femelles dans la matrice gauche ; car le plus souvent elle s’assimile le sperme. Mais il peut arriver que, vaincue par la puissance de chaleur du sperme, elle laisse le fœtus devenir mâle de femelle qu’il était. Ces cas sont rares, attendu qu’ils exigent un grand excès de chaleur. Aussi le plus souvent le mâle se trouve dans la matrice droite, la femelle dans la matrice gauche ; la cause en est dans le principe des vaisseaux qui nourrissent les matrices.


Chapitre viii. — Les mamelles et les matrices sont mises en étroite sympathie au moyen des vaisseaux. — Fraternité entre le lait et le sang menstruel, établie par Hippocrate et confirmée par les faits.


Je vais expliquer pourquoi il existe entre les mamelles et les matrices une sympathie si étroite. Ce fait même démontrera encore un certain art admirable de la nature. Comme la nature avait en effet disposé les deux appareils pour l’accomplissement d’une seule œuvre, elle les a unis par les vaisseaux qui, disions-nous dans le livre sur le thorax (VII, xxvii ; t. I, p. 520-21), vont aux mamelles ; pour cela elle a fait descendre des veines et des artères dans les hypocondres et dans tout l’hypogastre, puis elle les a rattachées à celles qui remontent des parties inférieures et qui fournissent les vaisseaux à la matrice et au scrotum. Chez les animaux, ce sont en effet les seuls vaisseaux qui, nés des régions supérieures du diaphragme, se rendent à la partie basse du corps,