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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/16

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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, ii.

verser l’œuvre tout entière (cf. VIII, xix, t. I, p. 567, et XI, xiii, ib., p. 683). Des artisans vulgaires peuvent se hasarder à entreprendre une œuvre qui présente une certaine surface, mais l’œuvre d’une dimension tout à fait resserrée et sans largeur[1] exige plus qu’une habileté ordinaire ou qu’un court apprentissage. Aussi, après avoir dit que « l’art médical[2] est long à acquérir » Hippocrate (Aph., I, 1) ajoute : « l’occasion est fugitive, » car si l’occasion n’échappait pas rapidement et si elle laissait une certaine latitude, on ne dirait pas que l’art est long[3]. De même aussi, pour tout art mécanique, la juste proportion réalisée dans des limites très-étroites prouve la perfection. Et cette perfection, on peut la constater chez les animaux, non pas seulement dans les ligaments, mais aussi dans toutes les autres parties.

De ces trois corps simples que nous devons faire intervenir dans le raisonnement actuel, ligament, cartilage et nerf, le cartilage est plus dur, le nerf plus mou, le ligament tient le milieu par la consistance ; la nature se sert admirablement de chacun d’eux dans toutes les parties du corps ; jamais il ne lui arrive d’employer un nerf ou un ligament à la place d’un cartilage, ni un cartilage ou un nerf à la place d’un ligament, ni un ligament ou un cartilage à la place d’un nerf. En effet, nous avons démontré précédemment (VIII, vi ; t. I, p. 541 suiv.) que le dur n’est pas propre à la sensation, ni le mou au mouvement.

  1. C’est-à-dire celle où le moindre écart est impossible.
  2. Le texte vulg. porte αὐτὴν ἰατρικὴν μακράν, mais le manuscrit B et la trad. lat. ajoutent τεχνήν après ἰατρ.
  3. Galien (Comm. V, in Epid. vi, § 1, t. XVIIb, p. 226) dit : « Il faut, dans tout ce qui produit la santé, considérer ce qu’on doit mettre au premier, au second, ou au troisième rang… Or, il nous paraît mieux de dire que la nature guérit les maladies ; il est bon d’ajouter que la médecine et le médecin les guérissent aussi ; il est vrai encore que la phlébotomie et que l’écoulement de sang qui en résulte sont les serviteurs du médecin… Parmi les objets fabriqués et dont on se sert en vue de la santé, les uns sont la matière des moyens de secours, les autres des instruments pour ceux qui secourent ; ils deviennent moyens de secours quand le médecin s’en sert en temps opportun et comme il convient. Qui est la cause du secours efficace dans le traitement des maladies ? Évidemment l’homme qui trouve [et saisit] l’occasion d’agir. Or, quelle personne les Grecs appellent-ils trouveur de l’occasion ? Il est manifeste pour tous que c’est le médecin qui est appelé ainsi. »