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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/17

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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.



Chapitre iii. — La nature n’a pu se servir, pour mettre les articulations en mouvement, ni des cartilages, ni des nerfs, ni des ligaments seuls, attendu que ni les uns ni les autres ne réunissent les conditions réclamées pour accomplir un mouvement volontaire des membres. — Expédients dont elle s’est servie pour procurer aux membres tantôt l’attache seule, tantôt la sensation seule, tantôt le mouvement volontaire. — Comment, dans ce dernier cas, elle est parvenue à créer une substance qui participe à la fois du nerf et du ligament. — De la chair interposée entre les fibres des nerfs et des ligaments. — Comment se forment le tendon et le muscle. — Utilité de la chair musculaire. — Méthode suivie par Galien dans son exposition.


Ainsi donc, chez les animaux[1], une partie n’est pas mue seulement par des nerfs, ni par des cartilages, ni par des ligaments. En effet, le cartilage fournit aux articulations une matière grasse utile (cf. XI, xviii ; t. I, p. 700, et XVI, ii)[2] ; mais attaché seul aux organes du mouvement, il deviendrait pour eux un poids inutile, y étant suspendu comme une pierre. Le nerf est sensible en proportion de sa mollesse (cf. IX, xiv ; t. I, p. 597 suiv. et la Dissert. sur l’anat.), mais il est trop faible pour mouvoir ou transporter un membre tout entier. Le ligament qui tient le milieu entre ceux-ci est capable d’attacher solidement et de ne pas empêcher le mouvement des membres, mais il ne pouvait être lui-même organe de mouvement puisqu’il tire son origine, non pas, comme les nerfs, du principe moteur de l’animal, mais des os[3]. En effet, nous avons démontré (VIII, v et vi ; t. I, p. 538 suiv.) que rien de complétement dur ne pouvait être engendré par le mou, ni rien de complétement mou par le dur. Donc, pour ces motifs absolus, la nature n’a pu se servir des ligaments seuls pour les mouvements volontaires, attendu que les ligaments ne participent ni à la sensation ni au mouvement, puisqu’ils ne sont pas rattachés à la partie qui renferme l’âme dirigeante ; elle ne pouvait non plus se servir des nerfs seuls, car leur mollesse les rend incapables de transporter des poids aussi considérables.

  1. Τοῖς ζώοις manque dans les textes imprimés ; B, qui donne ces deux mots, omet en même temps, mais à tort, μόνων après νεύρων.
  2. Ce n’est pas du cartilage lui-même, mais de la membrane synoviale et des franges vasculaires qui flottent au pourtour du cartilage, que découle cette humeur grasse dont parle Galien.
  3. Voy. pour cette question la Dissertation sur l’anatomie de Galien.