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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, iii.

En conséquence c’est avec raison que là où le membre a seulement besoin d’attache, il se trouve un ligament seul, et que là où il a seulement besoin de sensation, il se trouve un nerf seul ; mais dans les membres, au contraire, pour lesquels il est utile de jouir du mouvement volontaire, on voit les deux à la fois : le nerf qui transmet l’ordre donné par le centre pensant et fournit le principe du mouvement ; le ligament qui prête au nerf sa force pour porter les membres mis en mouvement. Il fallait donc, par leur assemblage, créer un organe de mouvement qui devait être absolument plus dur qu’un nerf et plus mou qu’un ligament, qui devait participer en conséquence à la sensation, moins que le nerf et plus que le ligament, qui enfin devait offrir une moyenne de force et de faiblesse et des autres qualités contraires qui se trouvent dans le ligament et le nerf, puisqu’il participe de la substance de l’un et de l’autre de ces corps qui le constituent sans contenir exactement ni l’une ni l’autre substance seule et sans mélange, mais qu’il est, au contraire, formé par leur combinaison[1]. Or, aucune substance ne peut s’unir intimement à une autre, si d’abord elle n’est divisée en petits fragments[2] ; aussi était-il nécessaire de découper l’une et l’autre en fibres minces, puis de les rattacher les unes aux autres pour engendrer l’organe du mouvement dont la substance tient le milieu entre les deux autres.

Mais si la nature eût fait cela seulement sans remplir les intervalles d’une substance molle, comme est par exemple le duvet du poterium épineux (espèce de bourre ; voy. VII, ii, note 1 de la p. 457), pour leur servir de base solide, il n’eût pas été possible de préserver un instant ces fibres des lésions et des ruptures. La nature, qui est toute sagesse , loin de créer cette espèce de bourre

  1. Je n’ai pas besoin de dire que tout ce raisonnement, si bien suivi, porte à faux, et qu’ici, comme en tant d’autres circonstances, la nature n’a pas droit à notre admiration pour les raisons que Galien imagine : les parties molles des articulations ne sont pas un mélange de nerfs et de ligaments ; la substance fibreuse (ligaments ou tendons) n’est qu’un instrument passif et mécanique ; c’est la fibre musculaire qui est l’instrument actif quand elle est sollicitée à entrer en contraction par l’influx nerveux, lequel constitue la vraie puissance dynamique avec ou sans la participation de la volonté.
  2. Cette idée, reprise sous une autre forme par les modernes, domine la chimie, la physiologie et la thérapeutique.