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DES NERFS, DES ARTÈRES ET DES VEINES.

gane très-volumineux qui devait être comme un tronc, et, de ce tronc, au fur et à mesure qu’il s’avance, on devait tirer des espèces de rejetons pour les distribuer aux parties voisines. C’est ainsi que les gens habiles opèrent la conduite et la distribution des eaux potables dans les villes, quand ils ont adapté un conduit à la prise d’eau ; parfois ils distribuent cette eau dans différents endroits avant qu’elle arrive à la ville, ou, s’ils s’en tiennent à la ville seule, ils la partagent dans tous les quartiers de façon qu’aucun ne manque d’eau. De même que nous réservons nos éloges surtout à ceux qui, non-seulement distribuent l’eau dans toutes les parties, mais encore en opèrent la distribution la plus équitable, de même aussi nous louerons la nature, si nous la trouvons équitable en tous points. S’il y a deux justices, l’une connue du vulgaire, l’autre propre aux artistes d’élite, et si évidemment la nature a choisi la dernière, nous la louerons bien plus encore. Si vous voulez savoir en quoi consiste cette justice, écoutez le divin Platon (Lois, VI, p. 757), disant que le chef et l’artiste véritablement justes doivent observer l’égalité eu égard au mérite. De même pour l’eau des villes, il n’en est pas distribué un volume ni un poids égal dans tous les quartiers. Les bains publics, certains bois consacrés aux dieux, en reçoivent une grande quantité ; les fontaines des carrefours et les bains particuliers en reçoivent moins.


Chapitre ii. — Suite du même sujet. — Des parties qui ont des nerfs, et des parties qui n’en ont pas. — De celles qui ont des nerfs mous, et de celles qui ont des nerfs durs.


Mais il est temps d’examiner l’habileté primitivement déployée par la nature dans cette répartition chez les animaux. Il naît du cœur une artère considérable (aorte) qui, semblable à un tronc, se divise en branches et en rameaux nombreux. La veine appelée creuse (veine cave), à cause de son diamètre, partant de la région convexe du foie et se dirigeant en haut et en bas, ressemble à un tronc double ; puisque, dans le corps de l’homme, l’un est au-dessus du foie et l’autre au-dessous. De même pour l’artère issue du cœur, on la voit à l’instant se partager en deux branches inégales : l’une, plus considérable, se dirige vers le bas, parce que cette partie du corps est plus forte ; l’autre, moins considérable, se distribue dans les parties situées au-dessus du cœur. Autre tronc