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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVI, ii.

analogue à ceux que nous venons de citer, la moelle épinière qui dérive de l’encéphale, envoie des nerfs à toutes les parties situées au-dessous de la tête. Il serait étonnant qu’on ne vît ni artère, ni veine, ni nerf revenir à leurs propres principes. Mais voici qui est plus étonnant encore : beaucoup de rameaux de chaque espèce (c. à. d. de nerfs, de veines et d’artères) se détachent de leur principe pour se distribuer au loin, comme nous l’avons dit ; cependant il arrive à un très-petit nombre de vaisseaux ou de nerfs de faire une courbe et de revenir sur leurs pas, comme les coureurs dans le double stade (cf. VII, xiv, t. I, p. 497 et plus loin chap. iv, p. 165) ; quand cela a lieu, ce n’est ni sans dessein, ni au hasard, mais en vue d’une utilité admirable. En effet, lorsqu’une partie entre toutes, dans un but utile, est douée d’une structure manifestement différente de celle des autres, la nature, qui use d’une équité et d’une prévoyance suprêmes, y montre avec éclat sa sagesse et le souvenir intelligent qu’elle a de chaque particularité. Je trouve encore une très-grande preuve de l’habileté de la nature dans ce fait : que c’est seulement à l’origine des nerfs qu’il existe des embranchements latéraux, et cela en vue d’une nécessité absolue.

Une autre preuve, non médiocre non plus, c’est que bien que les nerfs aillent dans toutes les parties du corps, cependant on n’en voit aucun s’insérer, ni sur un os, ni sur un cartilage, ni sur un ligament, ni sur toutes les glandes, car il y a deux espèces de glandes (voy. plus bas p. 161, l. 4). En effet, la substance des os est disposée, en maints endroits, comme un soutien, une base pour les autres parties, en maints autres endroits, comme un mur et un rempart ; ce sont là les deux utilités mêmes des os. Les cartilages lubrifient certaines parties des os, par exemple, les articulations pour les rendre polies ; la nature s’en sert parfois aussi comme de corps modérément élastiques. En conséquence, il était superflu de douer les os et les cartilages de sensation et de mouvement volontaires. Les ligaments, sorte de liens qui rattachent certaines parties aux os et ces os à d’autres parties comme des cordes, n’avaient non plus nul besoin de sensation et de mouvement volontaires. Les nerfs sont inutiles aussi à la graisse, étendue comme une huile onctueuse sur les parties membraneuses et nerveuses (fibreuses) de l’animal. Voici son origine et son utilité : produite par la partie graisseuse du sang, versée par des vaisseaux ténus, elle se ré-