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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/187

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DES NERFS, DES ARTÈRES ET DES VEINES.

Ainsi de même qu’elle a distribué à plusieurs parties, situées au-dessous de la face, une portion d’un nerf de l’encéphale, de même elle fait remonter, non pas en vain, mais pour les usages que j’ai indiqués plus haut, à la tête, une portion des nerfs issus de la moelle, portion considérable chez les animaux pourvus d’un temporal très-fort, d’oreilles grandes, ayant un mouvement facile et varié ; portion, au contraire, excessivement petite chez les animaux tels que l’homme et le singe qui n’ont rien de tout cela. Chez ceux-ci, en effet, le muscle temporal est peu développé et les oreilles passeront pour immobiles, si on ne tient pas compte d’un mouvement excessivement petit (voy. XI, xii, t. I, p. 682 et Hoffm., l. l., p. 351). C’est pour cela que, chez ces animaux, il ne remonte à la tête que de petits nerfs, deux aux parties postérieures, deux aux parties latérales, se distribuant au derme et à chacune des oreilles. Comme chez eux il n’existe autour de l’oreille que des linéaments de muscles, il n’arrive à cette région que des nerfs très-petits. Chez les animaux pourvus d’oreilles grandes et très-mobiles, cet organe étant en quelque sorte couronné circulairement de muscles nombreux, il l’est aussi de grands nerfs qui s’y distribuent. Ceux-ci se détachent de la seconde paire cervicale ; car les nerfs devant se rendre sur la tête même des muscles, il a fallu que ceux-ci s’élevassent d’une région inférieure.

C’est encore avec raison que sur le muscle temporal (la nature, en effet, a placé la tête de ce muscle près de la région occipitale chez les animaux où il est considérable) vient s’insérer une portion du nerf qui remonte du cou par la région occipitale. La tête du muscle temporal est ainsi disposée, surtout chez les animaux dits carnassiers, puis chez ceux qui ont une grande mâchoire. La nature, en effet, a créé le muscle temporal puissant chez ces animaux qui avaient besoin d’un muscle fort, les uns pour mordre vigoureusement, les autres pour supporter leur mâchoire.

Le muscle mince et large (peaucier, cf. IX, xv ; XI, xv ; t. I, p. 600 et 691) qui meut les joues avec les coins de la bouche, muscle que nos prédécesseurs détruisaient en l’enlevant avec le derme, manifeste aussi l’art admirable de la nature. Comme ce muscle a des principes nombreux, qu’il se termine aux joues et aux lèvres, et qu’il entr’ouvre la bouche aux coins, il a, en conséquence toutes ses fibres, et avec elles ses nerfs, dirigés vers ces