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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/248

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DES FACULTÉS NATURELLES, I, xiv.

son système, il a l’impudence de se réfugier dans cette déclaration qu’il n’existe absolument aucune attraction d’un corps par un autre. Il aurait dû, si l’explication d’Épicure ne lui plaisait pas et s’il n’en trouvait pas une meilleure, renoncer aux hypothèses, reconnaître que la nature est ingénieuse, que la substance des corps est toujours continue à elle-même, et qu’elle est modifiée par l’action que ses parties exercent et subissent entre elles. S’il eût posé de tels principes, il n’aurait eu aucune peine à reconnaître que cette ingénieuse nature a des facultés, les unes attractives des choses propres, les autres expulsives des choses contraires. Car dire que la nature est artiste, habile, conservatrice de l’animal, et qu’elle amène les crises dans les maladies, c’est admettre qu’elle sait conserver ce qui est salutaire et rejeter ce qui est contraire.

Asclépiade, ici encore, a la conscience de la conséquence des principes qu’il établissait ; cependant il combat sans rougir le fait évident, et contredit sur ce point non-seulement les médecins, mais encore tout le monde, en soutenant qu’il n’y a ni crise, ni jour critique, et que la nature ne fait absolument rien pour le salut de l’animal. En effet, à l’inverse d’Épicure, il s’attache à maintenir les conséquences de ses principes et à renverser le fait apparent ; tandis que ce dernier adopte toujours le fait apparent, mais en donne une raison frivole. Ainsi pourra-t-on convaincre quelqu’un que des corpuscules qui s’échappent avec force de la pierre d’aimant pour s’unir aux autres parties semblables du fer, sont ensuite capables, par cet entrelacement, lequel n’est nullement perceptible aux sens, d’entraîner une substance aussi lourde ? Je ne le crois pas. Car, en supposant que nous accordions ce fait, la suspension d’un autre morceau de fer approché du premier n’admet pas la même cause. Dirons-nous, en effet, que certaines particules émanées de la pierre, après avoir rencontré le fer, rebondissent en sens contraire, et que c’est par leur intermédiaire que s’opère la suspension du fer, que ces particules ayant pénétré dans les pores du fer le traversent rapidement, rencontrent le morceau de fer adjacent sans pouvoir traverser celui-ci, bien qu’elles aient traversé le premier, et que, revenant au premier fer, elles opèrent encore d’autres adhérences semblables aux précédentes ? C’est ici que l’explication est manifestement convaincue de fri-