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DU COU ET DU RESTE DE L’ÉPINE.

exposée aux luxations (voy. II, xvii ; t. I, p. 210 suiv.) ; ce n’est pas que la nature ait ignoré cette conséquence, mais, et c’est une observation déjà mille fois répétée, comme la solidité de la structure est en lutte avec la variété du mouvement, elle a choisi pour chacune des articulations ce qu’il y avait de plus utile. Ainsi donc l’épaule possède la structure la plus avantageuse pour la facilité des mouvements. Mais l’articulation de la tête ne souffre pas une luxation, parce qu’elle est aussi importante que possible, et, qu’en cas de désordre, une mort instantanée atteint l’animal (cf. ch. iv, p. 9) ; autrement la nature ne l’eût pas privée de la variété de mouvement. En effet la condition n’eût pas été pire si la tête se fût portée de tous les côtés à un degré tel qu’on pût voir non-seulement à droite et à gauche, mais encore par derrière. Mais il n’était pas possible de donner au mouvement cette facilité sans une articulation lâche. La nature a donc préféré attribuer à la tête un mouvement borné, mais sûr, plutôt qu’un mouvement varié, mais sans solidité. Aussi a-t-elle créé l’articulation de la tête non pas simple ni lâche, mais à la fois double et résistante.


Chapitre vi. — La nature pouvait-elle choisir de meilleures dispositions que celles qu’elle a prises pour l’articulation de la tête avec le cou ? — Violentes attaques contre ceux qui accusent sans cesse la nature sans pouvoir imaginer rien de mieux que ce qu’elle a fait.


Vous pouvez maintenant, puisque les choses sont ainsi, et que nous avons démontré que l’articulation de la tête doit être double, examiner et rechercher s’il valait mieux pour elle avoir à la première vertèbre les mouvements obliques, comme cela est actuellement, et à la seconde les mouvements droits, ou si au contraire il était préférable que les choses fussent disposées de façon inverse, et que l’articulation de la première vertèbre fût chargée d’étendre et de fléchir la tête, et celle de la seconde vertèbre de la mouvoir obliquement.

Ici donc je voudrais qu’un de ces terribles accusateurs de la nature entrât en discussion. Interrogés fréquemment, à propos de chaque partie, s’ils peuvent imaginer quelque structure préférable, le plus souvent ils n’ont pas même la ressource de trouver quelque petite proposition acceptable ; parfois, s’ils hasardent certaines objections, ils deviennent ridicules au dernier point ; ici encore je vou-