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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XII, vi.

drais les interroger afin qu’ils répondissent de la même façon, je le pense, au sujet du problème en question[1]. Quant à nous, en effet, nous pourrions peut-être, à cause de notre amour pour la nature, passer pour avoir négligé [la recherche d’une autre structure meilleure. Ce n’est donc pas à nous qu’il convient de s’adresser pour cette épreuve, mais à ceux qui ont déclaré à la nature une guerre implacable. Toutefois, comme nous ne saurions donner notre réponse dans cet ouvrage, chacun de nos lecteurs peut, après avoir déposé notre livre, leur demander ce qu’ils ont à dire, et apprendre d’eux à laquelle des vertèbres il valait mieux confier l’articulation de la tête et ses mouvements latéraux obliques. Pour moi, je démontrerai que la première est préférable ; et, au moyen d’arguments non pas spécieux comme ceux qu’emploient les détracteurs de la nature, mais scientifiques et pour ainsi dire mathématiques, je finirai par forcer même ceux qui lui refusent leur éloge de revenir à de meilleurs sentiments, s’ils ont non pas seulement le corps[2], mais l’âme d’un homme, et s’ils possèdent la plus petite dose d’intelligence. En effet, aucun de mes auditeurs n’est aussi insupportable pour moi que celui qui ne comprend pas mes paroles, car de ceux qui m’ont compris, je n’en connais pas un qui, éloigné de moi, accuse la nature d’inhabileté. De même donc que pour les discours qu’on tient dans les mystères, les prêtres ordonnent aux profanes de fermer les portes sur leurs oreilles[3] ; de même aussi, moi, qui initie mes semblables non pas à des rites tracés par la main de l’homme, mais aux mystères les

  1. Dans les textes imprimés ou manuscrits la construction de cette phrase est fort embarrassée ; j’ai dû pour la traduction, rompre l’enchevêtrement des divers membres de la proposition.
  2. Il y a : le visage humain ; du reste le texte de cette phrase est très-altéré dans ce manuscrit.
  3. Ὣσπερ οὖν τοῖς ὠσὶν ἐπιθέσθαι θύρας τοὺς βεβήλους κελεύουσιν ἐν τοῖς μυστικοῖς λόγοις. — Hoffmann regarde, mais à tort, ce texte comme altéré ; il est en tout conforme au passage suivant d’Orphée que Galien avait certainement dans la mémoire :

    Φθέγξομαι οἷς θέμις ἐστί, θύρας δ᾽ἐπίθεσθε βεβήλοι
    Πάντες ὁμῶς·…

    et à beaucoup d’autres rapportés par Lobeck (Aglaophamus, t. I, p. 438 suiv., et particulièrement p. 450 suiv.). Ajoutez que le passage de Galien vient à son