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DES FACULTÉS NATURELLES, II, ii-iii.

ment, ne peut en aucune façon imaginer une autre raison de la sécrétion de l’urine ; on ne saura manquer de paraître fou, si l’on prétend que l’urine passe dans la vessie sous forme de vapeur, ou impudent, si on allègue ici la théorie du remplacement de ce qui est évacué, théorie si ridicule quand il s’agit du sang, impossible et absolument sotte quand il s’agit de l’urine. C’est là l’une des erreurs de ceux qui rejettent l’attraction. Une autre se rapporte à la séparation de la bile jaune. En effet là non plus le passage du sang devant les orifices des conduits cholédoques ne permettrait pas une sécrétion bien exacte de la superfluité bilieuse. Eh bien, disent-ils, supprimons la sécrétion et que cette bile remonte avec le sang dans toutes les parties de l’animal (cf. Util, des parties, V, iv, t. I, p. 348). Mais, ô mortels très-habiles, Érasistrate lui-même, tout en reconnaissant que la nature se montre prévoyante et industrieuse, disait néanmoins que l’humeur bilieuse est complètement inutile pour les animaux. Ces deux propositions ne s’accordent pas l’une avec l’autre. Comment en effet la nature témoignerait-elle de sa sollicitude pour l’animal en permettant qu’une humeur aussi nuisible circulât avec le sang ?

Mais cela est peu de chose. Voici où réside l’erreur capitale et manifeste de ces gens.

Si c’est uniquement parce que le sang est plus épais, et la bile jaune plus ténue ; parce que les orifices des veines sont plus larges et ceux des vaisseaux cholédoques plus étroits ; si c’est pour cela, dis-je, que la bile s’ajuste aux vaisseaux et aux orifices plus étroits, et le sang aux vaisseaux et aux orifices plus larges, il est évident que la superfluité aqueuse et séreuse s’introduira d’autant plus promptement dans les vaisseaux cholédoques qu’elle est plus ténue que la bile. Comment donc n’y pénètre-t-elle pas ? Est-ce parce que l’urine est plus épaisse que la bile ? C’est ce qu’a osé dire un de mes contemporains, sectateur d’Érasistrate, en rejetant le témoignage de ses sens auxquels il s’était fié relativement à la bile et au sang. En effet, si nous devons réputer plus ténue la bile parce qu’elle coule plus vite que le sang ou qu’elle traverse plus rapidement soit un linge neuf ou usé, soit un crible, et si la superfluité séreuse les traverse encore plus promptement que la bile, ces faits nous montrent que cette dernière humeur est plus épaisse que l’humeur aqueuse ; car il n’y a pas de raisonnement qui puisse démon-