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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/265

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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

trer que la bile est plus ténue que les superfluités séreuses. Si vous résistez ainsi opiniâtrément, si vous refusez effrontément de vous avouer vaincu, vous ressemblez à ces ignorants qui, renversés par des lutteurs habiles, et couchés à terre étendus sur le dos, loin de reconnaître leur défaite, saisissent au cou leurs adversaires et se considèrent comme vainqueurs parce qu’ils ne lâchent pas prise.


Chapitre iii. — L’hypothèse des conduits imaginée par Érasistrate ne rend compte de rien. — Pour expliquer la génération et l’accouchement il faut de toute nécessité admettre une faculté attractive et une faculté expulsive. — Différences entre les œuvres des artistes et celles de la nature ; entre l’accroissement des êtres organisés et la construction des objets inanimés.


Toute hypothèse qui suppose des conduits [petits ou grands] pour expliquer les fonctions naturelles, est donc une pure plaisanterie. En effet si, dès le principe, la nature n’attribuait à chacun des organes une faculté naturelle, les animaux ne pourraient pas subsister, je ne dis pas un si grand nombre d’années, mais même un petit nombre de jours. Si nous les laissons privés de direction, si nous les déclarons créés sans art et sans prévoyance, régis par les seules impulsions de la matière, aucune faculté, aucune absolument, n’attirant ce qui convient, aucune ne repoussant ce qui est contraire, aucune ne transformant et ne faisant adhérer l’aliment, ne serions-nous pas ridicules en venant discourir sur les fonctions naturelles, et bien plus encore sur les fonctions psychiques et sur la vie en général ? Il ne serait possible à aucun des animaux, ni de vivre ni de subsister pendant le temps le plus court, si, renfermant en lui des parties si nombreuses et si différentes, il ne possédait pas des facultés pour attirer les choses appropriées, pour séparer les choses contraires, pour transformer les aliments. Et si nous avons ces facultés, il n’est plus besoin de conduits petits ou grands admis par une hypothèse non démontrée pour la sécrétion de l’urine et de la bile, ni d’une situation favorable des parties ; or c’est seulement en ce dernier point où Érasistrate a fait preuve de bon sens, en jugeant que toutes les parties du corps ont été avantageusement disposées et conformées par la nature. S’il eût été conséquent avec lui-même, quand il venait de qualifier d’industrieuse la nature qui, dès le principe, a disposé et conformé avantageusement les parties de l’animal, puis