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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/267

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DES FACULTÉS ATTRACTIVE ET ALTÉRATRICE.

art, même avant de toucher la matière, et mettait cette puissance en œuvre à propos d’une matière (car toute faculté reste oisive si elle manque d’une matière convenable) ; de même le sperme possédait primitivement les facultés ; il n’empruntait pas ses fonctions à la matière, mais il les déployait à propos de la matière. De plus, si le sperme était noyé par un sang abondant, il se corromprait ; s’il en manquait entièrement, demeurant absolument oisif, il ne deviendrait pas une nature. Ainsi donc pour qu’il ne se corrompe pas et pour qu’il devienne une nature, de sperme qu’il était, il est nécessaire qu’une petite quantité de sang vienne se mêler à lui ; ou plutôt ce n’est pas une petite quantité qu’il faut dire, mais une quantité proportionnée à l’abondance du sperme. Qui donc mesure la quantité de l’afflux sanguin ? Qui empêche qu’il ne soit trop considérable ? Qui fait en sorte qu’il ne soit pas trop faible ? Quel est ce troisième surveillant de la génération auquel nous nous adresserons ici pour fournir au sperme une juste proportion de sang ? Que dirait Érasistrate interrogé sur ce point, s’il était encore en vie ? C’est le sperme, répondrait-il. Car le sperme est l’artiste comme Phidias dans son genre. Le sang, lui, remplace la cire. La cire ne saurait se tracer à elle-même sa propre mesure, c’est l’affaire de Phidias. Ainsi le sperme, comme un artiste, attirera à lui autant de sang qu’il en a besoin. Mais ici il faut faire attention et prendre garde d’attribuer à notre insu, au sperme, un raisonnement et une intelligence ; car alors nous n’en ferions plus du sperme, ni une nature ; ce serait déjà l’animal lui-même. Si nous maintenons ces deux points : l’attraction de la quantité convenable de sang et une certaine faculté sans raisonnement, nous dirons que comme la pierre d’aimant a la faculté d’attirer le fer, le sperme a celle d’attirer le sang. Nous sommes forcé ici encore, comme nous l’avons été déjà plusieurs fois précédemment, de reconnaître au sperme une certaine faculté attractive. Qu’était-ce que le sperme ? Le principe formateur de l’animal ; le sang menstruel en est la partie matérielle. Puis le principe lui-même usant de cette première faculté pour produire un des résultats qui doivent être opérés, il n’est pas possible qu’il soit privé de la faculté propre à ce résultat. Comment donc Érasistrate ne l’a-t-il pas connue, si la première fonction même du sperme consiste à attirer à lui une juste mesure de sang.